Toutes les approches communautaires d’adaptation insistent sur la nécessité de renforcer les capacités locales, de rendre les communautés locales plus indépendantes et d’identifier, grâce aux méthodologies d’apprentissage participatives, les pratiques d’adaptation et les connaissances locales pour améliorer les services ruraux en matière d’adaptation communautaire.
C’est dans ce cadre que le projet « Adaptation basée sur les écosystèmes des communautés vulnérables de la Région de Haute Guinée (AbE/HG) » financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF) et le Programme des Nations Unies pour le Développement ( ONU Développement) en collaboration avec le Gouvernement, a adopté le mécanisme de Groupement Villageois d’Entraide Communautaire (GVEC) dans 11 communes rurales du projet, notamment, Cissela, Sanguiana, Banfélé et Douako (Kouroussa) ; Kantoumanina et Dialakoro (Mandiana) ; Beindou et Passaya (Faranah) ; Sangardo, Albadariah et Gbangbadou (Kissidougou).
Mis au point en 1991 au Niger, le mécanisme GVEC connu en Haute Guinée sous l’appellation caisse communautaire des femmes, a été introduit par le projet AbE, pour rendre les communautés bénéficiaires plus indépendantes et surtout accélérer l’autonomisation économique et financière des femmes rurales dans les zones d’intervention.
Selon l’unité de gestion du projet, 67 caisses communautaires des femmes sont aujourd’hui opérationnelles et comptent plus 1 675 femmes et 335 hommes repartis dans les 11 communes rurales du projet. Les résultats d’un échantillonnage réalisé par cette unité indiquent que 17 caisses communautaires des femmes ont épargné à ce jour, 97 millions de francs guinéens.
De quoi s’agit-il ?
Dans les zones d’intervention du projet AbE, une caisse communautaire des femmes ou GVEC, est formée de 25 femmes et 5 hommes auto choisis, qui versent périodiquement de l’argent sous forme de parts. Les parts collectés alimentent :
- Un fonds social, qui leur permet de s’entraider financièrement sous forme de dépannage temporaire remboursable sans intérêt
- Un fonds épargne, qui leur permet d’obtenir des petits prêts remboursables avec un taux d’intérêt très souple
- Un fonds environnement, qui leur permet de financer les petites activités de défrichage et de dépannage sur leur périmètre maraîcher doté d’un système de pompage solaire réalisé par le projet AbE.
Il s’agit de proposer une possibilité d’épargne et de crédit simple et souple à très petit montant, dans une communauté qui n’a pas accès aux services financiers formels existants. Les GVEC constituent un outil complémentaire dans l’offre de services financiers déjà menée par les Institutions de micro finance (IMF).
Comment ?
- Les activités de constitution de fonds d’entraide du GVEC s’effectuent pendant une durée appelée « cycle », convenue dès le début par tous les membres. La durée du cycle est de neuf à douze mois ;
- En vue de garantir que des transactions n’ont pas lieu en dehors des réunions du GVEC, l’argent et les carnets de comptes sont gardés dans une caisse fermée par trois cadenas ;
- Les trois clés sont détenues par trois membres du GVEC qui ne font pas partie du Comité de Gestion ;
- A la fin du cycle, le groupement répartit ses fonds entre ses membres en fonction du nombre de parts qu’ils détiennent.
Les avantages :
- A la différence des associations classiques, chaque réunion périodique équivaut à une AG. Ce qui fait que les membres se communiquent régulièrement ;
- Le système permet aux membres de faire des crédits et épargnes à l’interne (pas de garanties matérielles, le mécanisme est basé sur la confiance mutuelle) ;
- Le GVEC renforce le lien de confiance et de solidarité entre membre ;
- Il prépare les micro-entreprises vulnérables à devenir des bons investisseurs ou décideurs confiants en matière financière.
René K. Ifono
Expert en communication pour le développement