Des champs plus sains, des vies transformées : Quand l’agriculture bio s’enracine à N’Zérékoré
Dans la région de N’Zérékoré, en Guinée forestière, les communes rurales de Womey, Lainé, Nionsomoridou et Binikalala ont longtemps dépendu des pesticides chimiques pour leurs cultures. Ces pratiques, bien qu’efficaces à court terme, menaçaient la santé humaine, animale et environnementale. Conscient de l’urgence de changer les choses, le projet d’éducation des acteurs paysans sur l’usage des pesticides en agriculture et la promotion des mesures alternatives, financé par le Programme Microfinancement PMF/FEM/PNUD, a été mis en œuvre par l’Association des Amis de la Nature (ASDANA).
Un défi de taille : Changer des habitudes profondément enracinées
Amener les agriculteurs à l’abandon progressive pour l’utilisation massive des pesticides n’a pas été simple. « Ces produits, bien qu’accessibles, détruisent nos sols, polluent nos eaux et affectent notre santé », explique Mariama Kourouma, une habitante de Nionsomoridou. Pour convaincre les communautés, les formateurs ont mis l’accent sur les dangers des pesticides tout en présentant une alternative alléchante : fabriquer des engrais naturels et des insecticides biologiques à partir d’éléments biodégradables locaux, comme le piment et les résidus végétaux.
Des solutions pratiques pour des résultats durables
Le projet a formé les bénéficiaires à la fabrication du compost à partir des fosses creusés à cet effet. Grâce à ces installations, chaque site a produit jusqu’à une tonne de compost, remplaçant ainsi plus de 800 kg de produits chimiques précédemment utilisés. Ces engrais naturels ont non seulement enrichi les sols, mais ont aussi permis de générer des revenus pour les agriculteurs, qui peuvent désormais vendre le surplus de compost.
« Aujourd’hui, je comprends que nos pratiques anciennes détruisaient notre avenir. Avec le compost, je gagne de l’argent tout en protégeant notre environnement », partage Moussa Camara, agriculteur à Binikalala.
Un projet transformateur malgré les obstacles
L’accès difficile aux sites de formation a été un obstacle majeur. Mais grâce à l’utilisation de motos, les formateurs ont pu atteindre même les zones les plus reculées. En outre, l’appui matériel fourni par le projet a encouragé une forte participation des agriculteurs locaux.
En peu de temps, les communautés ont adopté ces nouvelles pratiques. Elles ont non seulement appris à produire des engrais bio, mais elles ont également renforcé leur autonomie.
Succès et leçons tirées
Les retombées positives du projet sont nombreuses :
- Transfert rapide de savoir-faire : Les agriculteurs ont intégré les techniques en un temps record.
- L’usage des pesticides naturels pour traiter les attaques des insects sur les cultures
- Activités lucratives : Le compostage est devenu une source de revenus.
- Protection environnementale globale : Les sols, l’eau, la flore, la faune et la santé humaine sont désormais mieux protégés.
Une leçon clé est que l’implication communautaire est essentielle pour garantir l’adhésion et la pérennité des changements. « Faire faire aux communautés ce que nous leur enseignons est la meilleure façon de les motiver », observe un formateur.
Vers un avenir plus vert
Face au succès de cette initiative, les communautés appellent à une extension du projet. Elles souhaitent également expérimenter d’autres techniques de compostage pour augmenter la production d’engrais bio.
Ce projet a prouvé qu’avec de la volonté et des solutions adaptées, il est possible de transformer des pratiques agricoles nuisibles en opportunités durables pour les générations futures. « Nos champs sont plus sains, nos vies aussi », conclut Mariama Camara avec un sourire.
Bakary Cissoko, Spécialiste Communication pour le développement et Reporting, Programme Environnement, PNUD-Guinée
Adresse email: peged.pnud.guinee@gmail.com