D’une souffrance extrême à un bonheur inattendu, la communauté de Touguissoury a de quoi de se réjouir grâce à l’appui financier et technique du Programme Microfinancement (PMF/FEM/PNUD)

PEGED CN
6 min readDec 31, 2023
Vue d’ensemble de l’île de Touguissoury

Située dans le Delta du Konkouré site Ramsar, dans la préfecture de Dubréka, région Administrative de Kindia, l’île de Touguissoury abrite 225 habitants dont 64 femmes, 85 hommes et 76 jeunes. C’est une île enclavée, très éloignée du continent (2h 30 à partir de Kaporo et 52 mn à partir du débarcadère de Doty par pirogue motorisée) et située dans les coordonnées 09°49’13.0’’ et 013°40’35.3’’ du Delta du Konkouré en Basse Guinée.

Les habitants de l’île sont fortement versés dans les croyances religieuses des anciens habitants de l’île et font régulièrement des invocations et des sacrifices en immolant des bêtes sous le fromager qui symbolise l’épicentre de l’APAC pour faciliter des campagnes de pêches réussies . Des couples désireux d’enfants font couramment des dévotions et sacrifices pour leurs reproductions futures. Les campements riverains adhérents fortement à cette pratique.

o Une situation désolante qui engloutissait tout espoir !

Erosion côtière et du sol avant l’arrivée du projet AGRETAGE

Avant la mise en œuvre du projet « Appui au renforcement des capacités de gestion pratiques et coutumières des communautés impactées par le COVID-19 dans l’APAC », financé par le Programme Microfinancement (PMF/FEM/PNUD) en Guinée, la communauté de Touguissoury vivait dans une situation socioéconomique très précaire. Les activités principales de la communauté étaient la pêche artisanale (poissons, huitres, crabes) et l’agriculture à petite échelle (maraîchage et les féculents). A ces activités s’ajoutaient la coupe du bois ronds pour les débarcadères de Sonfonia, Kaporo et Dixinn et du bois de chauffe pour le séchage des huitres et la cuisson des aliments.

Cependant, la communauté était confrontée à plusieurs défis. L’environnement était gravement menacé et les ressources naturelles étaient en perpétuelles dégradation, exposant les familles aux intempéries saisonnières (fortes pluies, vents violents, fortes chaleur) .

Du côté sanitaire, la communauté était fortement exposée au Covid-19, ce qui avait considérablement ralenti les activités socioéconomiques. L’accès à l’île était difficile par manque de moyen de transport pirogue motorisée. La méconnaissance des mesures de mitigation sanitaire et le manque total de kits de protection pour la communauté. En outre, l’insécurité totale régnait en mer due à l’absence de gilets de sauvetage pour les pêcheurs, les piroguiers et les voyageurs lors des traversées en mer et en travaux d’opération de pêches.

Ces facteurs précités ont indubitablement constitué un handicap sérieux aux développements socioéconomiques des populations vivant autour de l’APAC de Touguissoury, mettant ainsi en danger le fonctionnement écosystémique de l’APAC elle-même.

o Lorsque l’espoir naît, les grands changements se manifestent !

Les enfants de l’île de Touguissoury non scolarisés

Ainsi, dans le cadre de la phase Opérationnelle OP7 (Juillet 2020- juin 2024) du FEM, l’ONG ADECOMA a reçu une subvention du Programme Microfinancement pour la mise en œuvre du projet « Appui au renforcement des capacités de gestion pratiques et coutumières des communautés impactées par le COVID-19 dans l’APAC. »

M. Sékou Sylla, chef de Port de Touguissoury

Grâce à ces appuis, la communauté de Touguissoury a connu une amélioration significative de sa situation socio-économique et environnementale. Avant l’arrivée du projet, la communauté vivait dans une situation précaire, exposée aux intempéries saisonnières et confrontée à des défis sanitaires M. Sékou Sylla, chef de Port de Touguissoury , témoigne de l’impact positif du projet sur la communauté : « Avant, nous vivions un véritable calvaire dans cette localité, notre environnement était fortement dégradé par nos différentes activités, notamment la coupe du bois rond pour les débarcadères, du bois de chauffe pour le séchage des huitres et la cuisson des aliments ; l’agriculture à petite échelle etc. Depuis l’arrivée de ce projet, nous ne pouvons que remercier le bon Dieu pour sa faveur et les initiateurs pour leur détermination et engagement, sans quoi nous aurions continué à vivre dans la même situation ». Les résultats concrets du projet incluent l’aménagement de sept (7) puits améliorés, l’introduction de 417 manguiers et 325 avocatiers d’essences fruitières, la création d’une pépinière de corossol et d’orangers, et la mise en place d’une équipe de patrouille de 9 membres pour la surveillance de l’APAC permettant de sauver 8901,657 ha de l’APAC. Le taux de prélèvement des bois ronds au niveau de l’APAC a également diminué de façon drastique.

« Aussi, dans le cadre de ce projet, chaque ménage, lieu de regroupement et débarcadère ont été équipés de matériels de protection de manière organisée, empêchant ainsi la propagation de la pandémie », a enchaîné le, chef de district.

MBonki Camara, cheffe de groupement

Dans cette quête de développement communautaire, basée sur la gestion rationnelle des ressources naturelles et le bien-être des communautés, aucune couche sociale n’a été exclue. Les femmes, qui constituent la pierre angulaire de notre société, ont également été appuyées de manière significative. Mme MBonki Camara, cheffe de groupement, témoignes-en ces mots : « À vrai dire, nous n’avons pas de mots valables pour remercier les initiateurs de ce projet. Notre condition de vie était totalement accablante et ne donnait aucun espoir, ce ne serait-ce que l’équivalent du poids d’un atome. Grâce à ce projet, 2 hectares de domaine maraîcher ont été équipés et mis à notre disposition. Nous avons également bénéficié de petits outillages : 50 arrosoirs, 15 brouettes, 25 pelles et de la semence potagère ; ce qui nous permet aujourd’hui de produire une quantité importante de produits maraîchers diversifiés (tomate, gombo, piment, aubergine, etc.) soit 12 tonnes récoltées pendant la saison sèche dont 1 800 Kg ont servi à la consommation quotidienne. Mme MBonki Camara poursuit « De nos jours, nous contribuons largement aux dépenses familiales en consommant des produits maraîchers que nous produisons. Grâce au projet, l’accès à l’eau potable n’est plus un rêve, mais plutôt une réalité que nous vivons désormais quotidiennement. »

La communauté de Touguissoury se réjouit profondément des réalisations faites en leur faveur et dans le cadre de la protection de l’APAC. Ces résultats palpables obtenus grâce à l’appui du Programme Microfinancement par l’intermédiaire de l’ONG locale dénommée ADECOMA sont le fruit d’une méthodologie bien réfléchie misant sur l’implication effective de la communauté dans le processus de gestion efficace des ressources naturelles. De nos jours, l’APAC est collectivement protégée et ses conditions écosystémiques sont en bonne santé.

Cette histoire s’inspire de faits réels vécus lors de la mission de supervision des projets du Programme Microfinancement PMF/FEM/PNUD.

Bakary Cissoko, Spécialiste Communication pour le développement,

Programme Environnement, PNUD Guinée

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Le Programme Environnement et Gestion Durable du Capital Naturel (PEGED-CN) est une composante du Programme des Nations Unies pour le Développement en Guinée.