Fodéya : Un renouveau où nature et communauté se réinventent

PEGED CN
5 min readSep 2, 2024

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Dans le petit village de Fodéya, niché au cœur de la région de Labé en Guinée, les habitants faisaient face à des défis environnementaux et économiques de taille. La surexploitation des ressources naturelles, les pratiques agricoles non durables et une pauvreté extrême menaçaient non seulement l’équilibre écologique de la forêt classée de la Gambie, mais aussi la survie même de la communauté.

Vue aérienne de la rentrée de Fodeya, © PNUD Guinée / Bakary Cissoko

C’est dans ce contexte que le Projet de Gestion Intégrée des Ressources Naturelles dans le Paysage Bafing Falémé a été lancé, grâce au financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et à l’appui technique et financier de ONU Développement (Programme des Nations Unies pour le Développement). Ce projet visait à transformer Fodéya en écovillage, un modèle de durabilité où les pratiques agricoles respectent l’environnement et où les habitants bénéficient de meilleures conditions de vie.

Pépinière de Fodeya, © PNUD Guinée / Thierno Ibrahima Diallo

Parmi les nombreuses initiatives mises en place, l’installation de lampadaires solaires et la fabrication de foyers améliorés ont joué un rôle important dans la réduction de la pression sur les ressources forestières.

A droite Mme Koubidi CAMARA, présidente des femmes de Fodeya, © PNUD Guinée / Bakary Cissoko

Mme Koubidi CAMARA, présidente des femmes, témoigne de l’impact de ces innovations : « Avant, nous devions pénétrer dans la forêt classée pour chercher du bois pour la cuisson et l’éclairage. Nous étions exposés aux risques d’attaques des fauves. Aujourd’hui, tous les 45 ménages du village disposent de foyers améliorés qui permettent d’économiser le bois et réduire les risques d’attaque des faunes. En plus grâce à l’appui du projet, nous disposons d’une parcelle pour le bois de chauffe de 5ha enrichis avec 2000 plants à croissance rapide avec un grand pouvoir énergétique à coté du village. Nos enfants peuvent étudier sous les lampadaires solaires, ce qui change complètement notre quotidien. »

Les tapades clôturées avec 2 850 m de grillage avec un parc à bétail d’un ha et une parcelle maraichère d’un ha qui permet aux femmes du village de pratiquer l’agroforesterie et d’éviter la destruction des cultures par le bétail. 700 plants fruitiers composés d’agrumes, de manguiers greffés et 2 500 plants forestiers sont plantés dans les tapades. Mme Dabo KEITA, femme active du village explique “Depuis que nos tapades sont clôturées, nous produisons des céréales, des légumes, des oléagineuses qui nous permettent de disposer de nourriture en toute saison mais de vendre le surplus aux villages voisins. Cette année, pour la première fois dans notre village, 5 femmes ont acheté des chèvres pour constituer des noyaux d’élevage”.

La communauté a également bénéficié de formations sur les activités transformatrices comme l’apiculture, la saponification, le maraichage et la production de plants qui ont permis d’améliorer significativement les revenus des habitants. Mme Mariama CAMARA explique “ Avant l’arrivé du projet, nous les femmes ont utilisaient le sable pour laver les ustensiles de cuisine et il fallait marcher plus de 12 km pour trouver du savon mais avec la formation de 20 femmes sur la production du savon, ce sont les femmes des villages voisins qui viennent acheter du savon chez. Depuis la formation, il y 5 mois, nous avons produit 1000 morceaux qui en plus des usages domestiques, nous a permis d’avoir un revenu de 1. 200 000 GNF”.

M. Ibrahima Camara, autrefois un chasseur réputé, devenu défenseur de la nature, © PNUD Guinée / Bakary Cissoko

La mise en défens de 300 ha de forêts dégradées pour créer une zone de tampon entre le village et la forêt classée de la Gambie, la sensibilisation sur la lutte contre les feux de brousse, la production de 2000 plants d’espèces forestières locales ont permis le changement de comportement de la communauté. M. Ibrahima Camara, autrefois un chasseur réputé, raconte sa transformation : « J’étais connu pour la chasse, mais grâce au projet, j’ai compris l’importance de préserver notre forêt. Aujourd’hui, je suis devenu un défenseur de la nature. Nous avons appris à respecter notre environnement tout en gagnant notre vie autrement. Nous avons aussi constaté le retour des animaux qui avaient quitté notre village, c’est le cas de l’Orypteropus afer qui n’est pas connu des moins de 45 ans dans le village ».

L’impact de ce projet va bien au-delà de la simple préservation de la nature. En réduisant la période de soudure grâce à la diversification des cultures et en augmentant les revenus des habitants, le village de Fodéya a non seulement renforcé sa sécurité alimentaire, mais a également tracé une voie vers l’autonomie.

Ce succès, rendu possible par le soutien du FEM et du PNUD, démontre qu’une approche intégrée et communautaire est essentielle pour relever les défis environnementaux et économiques. Fodéya est désormais un exemple inspirant de ce que la coopération internationale et l’engagement local peuvent accomplir.

Bakary Cissoko, Spécialiste Communication pour le développement,

Programme Environnement/PNUD -Guinée

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Le Programme Environnement et Gestion Durable du Capital Naturel (PEGED-CN) est une composante du Programme des Nations Unies pour le Développement en Guinée.

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