Les foyers améliorés pour lutter contre le réchauffement climatique et la désertification en Haute Guinée
« Avant l’arrivée du projet AbE…, Nous les femmes et les enfants parcourions de grandes distances pour trouver du bois de chauffe et passions assez de temps à faire la cuisson des aliments. Nous étions parfois obligées d’abandonner nos activités quotidiennes et parfois faire chômer les enfants pour aller chercher le bois à de grandes distances…., Au total, nous étions 30 femmes formées à la fabrication des foyers en banco et 5 artisans à celle des foyers améliorés métalliques… »
La déforestation est perçue comme une menace, voire un danger écologique et climatique, aux répercussions planétaires. Les impacts de cette déforestation sur la biodiversité, les écosystèmes et sur les populations humaines affecteront durement l’Afrique subsaharienne, principalement la zone sahélienne.
Située à la « frontière » sud de la zone de transition entre le Sahel sec et le mouillé, la Guinée a bénéficié d’un financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour appuyer le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts dans la mise en œuvre du projet « Adaptation basée sur les Ecosystèmes des communautés vulnérables de la Région de la Haute Guinée » (AbE/HG).
L’objectif du projet est de réduire la vulnérabilité des communautés locales du Haut Bassin du Niger aux risques supplémentaires posés par le changement climatique en renforçant leur résilience générale à travers une approche axée sur les écosystèmes, qui se concentre sur les bassins versants, les pratiques d’utilisation des terres et la capacité d’adaptation.
Dans sa composante « renforcement de la résilience des communautés vulnérables face au changement climatique dans des sites sélectionnés à travers l’approche basée sur les écosystèmes », le projet promeut l’utilisation et l’entretien des foyers améliorés. L’enjeu ici est d’amener les communautés locales du Haut Bassin du Niger à réaliser une synergie entre l’usage du bois de chauffe et l’impératif de préserver les forêts. L’implication des ménages est d’autant plus importante qu’ils sont les plus grands consommateurs individuels de bois-énergie.
Dans le contexte de transition vers la maîtrise de l’énergie de cuisson, les communautés locales font partie du problème et par conséquent, elles doivent être une partie de la solution. L’usage des foyers améliorés apparaît comme l’un des moyens précieux dont disposent ces communautés pour satisfaire efficacement les besoins énergétiques des ménages, tout en protégeant le couvert forestier, considéré comme un important moyen de lutter contre la désertification de la région.
Ainsi, la mise en œuvre du projet AbE/HG a permis la sensibilisation et la formation de 2 685 femmes et 19 artisans respectivement dans la fabrication des foyers améliorés en banco et des foyers métalliques dans les préfectures de Faranah, Kissidougou, Kouroussa et Mandiana.
Au total, 3 969 foyers améliorés en banco ont été fabriqués par ces femmes sensibilisées et formées. A ce jour, 2 178 ménages utilisent lesdits foyers dont 325 à Faranah, 184 à Kissidougou, 1 151 à Kouroussa et 518 à Mandiana.
Dans le district de Kantoumanina centre, préfecture de Mandiana, Mariama Diallo est présidente du groupement des femmes formées à la confection des foyers améliorés. Elle raconte la situation d’avant-projet : « avant l’arrivée du projet AbE, notre village subissait des impacts très négatifs de l’exploitation de l’or qui se traduisent par une surpopulation entrainant du coup des besoins énormes en bois de chauffe et de carbonisation. A cela s’ajoute, la coupe abusive du bois, les feux de brousse qui souvent provoqués par les exploitants ? les chasseurs. Nous les femmes et les enfants parcourions de grandes distances pour trouver du bois de chauffe et passions assez de temps à faire la cuisson des aliments. Nous étions parfois obligées d’abandonner nos activités quotidiennes et parfois faire chômer les enfants pour aller chercher le bois à de grandes distances. Parfois, le peu d’économie que nous avions nous permettait juste d’acheter un fagot de bois à 20 000 GNF qui ne pouvait servir que pour une journée ».
Selon Mariama Diallo, l’intervention du projet AbE/HG a permis d’améliorer les conditions de vie de nombreux ménages de la localité : « avec l’arrivée du projet, nous avons bénéficié d’une formation sur la fabrication des foyers en banco et l’insertion de la céramique dans les foyers métalliques améliorés. Au total, nous étions 30 femmes formées à la fabrication des foyers en banco et 5 artisans à celle des foyers améliorés métalliques. Actuellement, nous percevons 20 000 GNF pour la confection d’un foyer et nous vendons un foyer métallique simple à 75 000 GNF et un foyer mixte à 150 000 GNF. Cette activité nous a permis de diversifier les activités des femmes » a-t-elle ajouté.
La fabrication des foyers améliorés et leurs avantages
Un foyer amélioré est un dispositif de cuisson des aliments construit pour utiliser le bois-énergie tout comme le foyer ouvert traditionnel, mais plus économe en bois-énergie et moins polluant. Ces foyers améliorés se présentent sous la forme cylindrique avec une fente vers le bas pour introduire le bois-énergie et des supports pour poser les récipients de cuisson ou marmites. Cette conception, dont il existe une grande variété de modèles, offre des rendements énergétiques meilleurs que les foyers traditionnels, grâce à un transfert efficace de chaleur vers le récipient de cuisson. Cette efficacité énergétique induit un temps de cuisson plus rapide, et donc une quantité moindre de bois-énergie consommée, soit une économie considérable par rapport au foyer traditionnel.
En permettant une économie du bois-énergie et une pollution moindre, les foyers améliorés sont susceptibles de procurer de nombreux bénéfices. Sur le plan économique, ils participent à la lutte contre la pauvreté à travers l’économie d’argent (si le bois est acheté) réalisée grâce à la baisse des besoins en bois-énergie et la création d’emplois locaux pour les artisans fabricants desdits foyers. Sur le plan social, ils procurent un gain de temps aux populations, tant dans la collecte du bois que dans la cuisson des repas. Ils contribuent également à améliorer la santé de leurs utilisateurs grâce à la baisse des quantités de fumée rejetées dans la cuisine. Et sur le plan environnemental, ils participent à la lutte contre le réchauffement climatique et la désertification à travers la réduction de la pollution de l’air et de la déforestation.