Stockholm +50 : dialogue avec les femmes fumeuses de poisson du débarcadère de Témenétaye
L’inclusion des personnes vulnérables étant au cœur de la phase préparatoire de la conférence de Stockholm+50 prévue les 2 et 3 juin en Suède, le groupement des femmes fumeuses de poisson du petit port de Témenétaye, sur la corniche sud de Conakry, ont participé le jeudi 21 avril 2022 au processus de consultations nationales.
Ces femmes qui se battent pour améliorer les conditions de vie de leurs familles, peinent à trouver une facilité économique informelle. C’est pourquoi, une rencontre d’échanges a permis de recueillir leurs préoccupations et attentes de cette rencontre mondiale.
Les yeux rougis par la fumée et la chaleur, ces femmes pratiquent un mécanisme de fumage traditionnel de poisson avec du bois qui provient de la mangrove. Manifestement, il existe un lien étroit entre la quantité de poissons à fumer et la consommation en bois, ce qui constitue une menace réelle pour les iles côtières avec la raréfaction de poissons n’ayant plus d’abris pour leurs œufs et les alevins. Aussi, la mangrove absorbe plus de CO2 qu’une forêt équivalente, sa déforestation priverait la zone côtière d’excellents capteurs de CO2 à court et à long terme.
En plus de ces facteurs liés à la surexploitation des ressources forestières, ces braves femmes sont confrontées à une énorme insalubrité depuis plusieurs années. Un amas de déchets divers transportés soit par les vagues ou déposés par les riverains jonche les contours du débarcadère.
En répondant à une série de questions relatives aux défis, contraintes et opportunités de leur activité et leurs attentes de la conférence de Stockholm +50, la plupart de ces femmes fumeuses de poisson souhaitent :
· Le Développement et la vulgarisation d’une technique écologique de fumage de poisson pour les mettre à l’abris de la fumée et de la chaleur nocives pour les yeux, les poumons et leur sante en général.
· Le Constat d’un grand cas de maladies des yeux, des problèmes cardiovasculaires et pis, aucun moyen de prise en charge sanitaire, individuelle ou sanitaire,
· Le développement de fumoirs améliorés permettant de réduire leur pénibilité et de faire des économies sur le bois énergie ;
· La mise à disposition d’équipements de dépeçage et de bâtiments frigoriques pour conserver les poissons fumés ou/et de poissons à fumer ;
· L’appui en renforcement de capacités sur les techniques de gestion financière et de trésorerie et en plateformes multifonctionnelles (centre de crédits pour les femmes) pour rendre leur activité plus dynamique et générer plus de revenus ;
· Développer l’opportunité d’exporter les poissons fumés en Europe et aux Etats-Unis avec une marge de profit beaucoup plus importante.
· L’appui à une meilleure gestion de l’insalubrité au sein du débarcadère ;
· L’amélioration du cadre de vie et de travail.
Selon Mamata Soumah, membre du groupement des femmes fumeuses de poisson, « il y’a près de 30 ans qu’elle pratique cette activité de fumage de poisson. Et c’est d’ailleurs à cause de cette activité qu’elle a abandonné l’école. Aujourd’hui, elle est mère de 9 enfants et elle a du mal à joindre les deux bouts pour subvenir aux besoins de son ménage. Malgré toutes ces années passées dans le fumage du poisson elle n’a jamais pu épargner à ce jour. Elle et sa famille vivent au quotidien ».
René K. IFONO
Expert en communication PNUD Guinée